AMOUR D’EVE.
IL est plus immense que la mer,
Si profond que son eau s’y perd,
Ses flots sont éternelle guerre,
Et retournent mon âme à l’envers.
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EVE est mon doublon d’or,
Où sont graves mes aurores,
Que je porte au cou du sort,
Aimant ses largesses et ses torts.
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Son feu me pétrit, et me coule,
Dans ses formes, je me foule,
Douce matière sous ses doigts roule
En délicieux loukoum d’Istanbul.
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IL m’envoûte, œuvre de chamane,
Me grave en fleurs bleues d’Ispahan,
Dans une arabesque qui ne se fane,
Au fronton de l’acropole de Diane.
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IL coule le long de mes prières,
Arrose l’aride de mes terres,
Reverdit l’âme de mes vers,
Que je déclame ma vie entière.
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Nos nuits sont mille de mille,
Aux merveilles du conte qui file,
Le tissu diaphane de l’idylle,
Ignorant l’accroc acerbe du vil.
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Je rêve dans ses rêves,
Dont je goutte la sève,
Mêlée de l’être qui se lève,
Au souffle de mon EVE.
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Je la sculpte en mille statuts,
Lorsque l’art et le beau se sont tus,
Pour admirer ma belle dévêtue,
Pour laquelle EROS m’a abattu.
MEBKHOUT BEGHDAD