Echanson….
Verse-moi un premier verre,
De la rosée de l’aube naissante
Mêlée de l’haleine de mon aimante,
Pour adoucir les rigueurs de mon désert.
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Ajoute à ma coupe une lueur d’espoir,
Eclairant l’azur de mes tristes lieux,
Ligoter mes folles envies noires,
Et éteindre mes rebelles feux.
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Donne-moi une autre rasade,
Du cri des cœurs en folie,
Brisant les rancœurs en palissade,
Me libérant de l’étau de la mélancolie.
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Laisse le vent du large venir,
Nous conter les histoires des vagues,
Qui ont vu les destins sans avenir,
Se perde au firmament bleu des algues.
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Abreuve de magie l’éclat du cristal,
Dont l’écho rend le son des cœurs volages,
Dansant à l’ombre du doux ramage,
De la beauté des Èves à l’épine fatale.
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Etanche ma soif de l’essence des prières,
Au calice des lèvres gerçurées par le mal d’être,
Sortant du fond des âmes en lanières,
Qui miment le cri avant que naisse la lettre.
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Verse-moi le doux chant des sirènes,
Aux mensonges d’une belle sorcière,
Perçant le cuir des jours de son alène,
Tissant la vie de fils d’ombre de mystère.
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Evapore l’arome du pain de l’errance,
Sans levain, incrusté encore de braises,
Que le hasard partage au détour de la romance
Les jours dont la peau fine est sans graisse.
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Enivre-moi du silence des rois,
Où on ne sait se tenir sur quel pied,
En leur clémence où la perfidie de leurs lois
Toute tête a le tyran qui lui sied.
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Arrose-moi de l’eau de mon âme,
Sucre de rires l’amer de mes larmes,
Epice de safran ma naïveté de croire,
Et substitue les échecs en espoir.
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Encense-moi de la mélodie du soufi
Qui refait les plis du voile de la nuit
Et assourdit l’oreille inattentive des jours
Tout ce qui est ; est œuvre d’amour.
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Ecrase dans le verre un grain de sagesse,
Qui exhale le parfum des adages en peine,
L’âme ne sent la douceur de la caresse
Que des mains sœurs qui la comprennent.
Mebkhout Beghdad