Israël pleure de douleur, le Liban pleure de joie
Par Hélène David pour Guysen International News
Mercredi 16 juillet 2008 à 10:09
En Israël, la tristesse est de rigueur à l'annonce de la mort des soldats Eldad Regev et Ehoud Goldwasser, dont les corps ont été rapatriés ce matin. Dans le monde arabe au contraire, on assiste à des scènes de liesse populaire. Au Liban, ce jour est perçu comme une victoire nationale. Décryptage, de l'autre côté de la frontière israélienne.
Si le 16 juillet 2008 restera du côté israélien une journée historique d'une tristesse infinie, dans le monde arabe, la nouvelle de l'échange de prisonniers est perçue d'une toute autre manière.
Les Libanais, bien sûr, ont bien conscience de ce décalage de perception et s'en réjouissent : « Israël pleure de douleur, le Liban pleure de joie » peut-on lire sur un poster disposé sur la route menant de la frontière entre le Liban et Israël à la capitale libanaise.
La chaîne d'information Al Jazeera rapporte que le Hezbollah a donné à cet échange le nom d' « Opération Radwan » en l'honneur de Imad Moughniyay, connu sous le nom de Hajj Radwan, terroriste notoire auteur de plusieurs assassinats, attentats et kidnapping, mort en Syrie en février de cette année, et présenté par cette même chaîne comme étant « un chef militaire ».
Interrogé par Al Jazeera, Wassim Manssourri, professeur de droit constitutionnel à Beyrouth a déclaré qu'il s'agissait d'un « grand jour, puisque nous récupérons quatre ou cinq de nos héros ».
Le site libanais Naharnet rapporte quant à lui que le Liban a prévu la fermeture de tous ses bureaux, magasins, banques, écoles et institutions ce jour, ajoutant que « le Hezbollah se prépare à un accueil de héros pour ses combattants ».
Il annonce par ailleurs que « le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah s'exprimera mercredi dans le quartier chiite de Beyrouth pour féliciter son groupe d'avoir vidé les prison israéliennes des prisonniers libanais ».
Wafik Safa, le coordinateur du Hezbollah s'est quant à lui déjà exprimé, se félicitant que « son organisation ait réussi, jusqu'au dernier instant, à torturer les familles des otages, et tous les Israéliens, en laissant planer le doute sur le sort des deux militaires ».
Du côté, Palestinien, cet échange est également considéré comme une victoire. On assiste d'après l'agence de presse américaine Associated Press à des « explosions de joie à Gaza, après la diffusion des images des cercueils des deux soldats israéliens ».
Alors que le Hamas détient encore le soldat franco-israélien Guilad Shalit, l'organisation terroriste estime que « la libération de Samir Kuntar prouve qu'Israël relâche des terroristes ayant tué des juifs », et espère en conséquence négocier la libération du soldat Shalit contre la remise en liberté d'assassins « ayant du sang sur les mains ».
C'est ce type de conséquences que craignaient justement les services d'intelligence israéliens, qui avaient déconseillé la conclusion d'un tel accord : cet échange risque de fixer les conditions d'une prochaine négociation dans le cadre du dossier Shalit, où la perspective d'une nouvelle prise d'otages.