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Sujet: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:06
Ici,vous pouvez nous proposer des extraits de romans(pièces de théâtre,nouvelles...) que vous avez lus et aimés... Merci!
Dernière édition par Driss Boudhan le Mar 25 Mai - 16:14, édité 1 fois
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:10
Extrait de la pièce de Wiliiam sheakspeare ROmé et juliette
Acte II, scène II
Roméo: Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures! (Juliette paraît à une fenêtre) Mais doucement! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur, parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent: rejette-la!... Voilà ma dame! Oh! voilà mon amour! Oh! si elle pouvait le savoir!... Que dit-elle? Rien... Elle se tait... Mais non; son regard parle, et je veux lui répondre... Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent. Ah! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main! Oh! que ne suis-je le gant de cette main! Je toucherais sa joue! Juliette: Hélas! Roméo: Elle parle! Oh! parle encore, ange resplendissant! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en arrière pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs! Juliette: ش Roméo! Roméo! pourquoi es-tu Roméo? Renie ton père et abdique ton nom; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet. Roméo, à part: Dois-je l'écouter encore ou lui répondre? Juliette: Ton nom est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, si un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme... Oh! sois quelque autre nom! Qu'y a-t-il dans un nom? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède... Roméo, renonce à ton nom; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière. Roméo: Je te prends au mot! Appelle-moi seulement ton amour, et je reçois un nouveau baptême: désormais je ne suis plus Roméo. Juliette: Mais qui es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret? Roméo: Je ne sais par quel nom t'indiquer qui je suis. Mon nom, sainte chérie, m'est odieux à moi-même, parce qu'il est pour toi un ennemi: si je l'avais écrit là, j'en déchirerais les lettres. Juliette: Mon oreille n'a pas encore aspiré cent paroles proférées par cette voix, et pourtant j,en reconnais le son. N'es-tu pas Roméo et un Montague? Roméo: Ni l'un ni l'autre, belle vierge si tu détestes l'un et l'autre. Juliette: Comment es-tu venu ici, dis-moi? et dans quel but? Les murs du jardin sont hauts et difficiles à gravir. Considère qui tu es: ce lieu est ta mort, si quelqu'un de mes parents te trouve ici. Roméo>: J'ai escaladé ces murs sur les ailes légères de l'amour: car les limites de pierre ne sauraient arrêter l'amour, et ce que l'amour peut faire, l'amour ose le tenter; voilà pourquoi tes parents ne sont pas un obstacle pour moi. Juliette:S'ils te voient, ils te tueront. Roméo: Hélas! il y a plus de péril pour moi dans ton regard que dans vingt de leurs épées: que ton oeil me sois doux, et je suis à l'épreuve de leur inimitié. Juliette:Je ne voudrais pas pour le monde entier qu'ils te vissent ici. Roméo: J'ai le manteau de la nuit pour me soustraire à leur vue. D'ailleurs, si tu ne m'aimes pas, qu'ils me trouvent ici! j'aime ma vie finie par leur haine que ma mort différée sans ton amour. Juliette: Quel guide as-tu donc eu pour arriver jusqu'ici? Roméo: L'amour. qui le premier m'a suggéré d'y venir: il m'a prêté son esprit et je lui ai prêté mes yeux. Je ne suis pas un pilote; mais, quand tu serais aussi éloignée que la vaste côte de la mer la plus lointaine, je risquerais la traversée pour atteindre pareil trésor. Juliette: Tu sais que le masque de la nuit est sur mon visage; sans cela, tu verrais une virginale couleur colorer ma joue, quand je songe aux paroles que tu m'as entendue dire cette nuit. Ah! je voudrais rester dans les bons usages; je voudrais, je voudrais nier ce que j'ai dit. Mais, adieu, les cérémonies! M'aimes-tu? Je suis que tu vas dire oui, et je te croirai sur parole. Ne le jure pas: tu pourrais trahir ton serment: les parjures des amoureux font, dit-on rire Jupiter... Oh! gentil Roméo, si tu m'aimes, proclame-le royalement: et si tu crois que je me laisse trop vite gagner, je froncerai le sourcil, et je serai cruelle, et je te dirai non, pour que tu me fasses la cour: autrement, rien au monde ne m'y déciderait... En vérité, beau Montague, je suis trop éprise, et tu pourrais croire ma conduite légère; mais crois-moi, gentilhomme, je me montrerai plus fidèle que celles qui savent mieux affecter la réserve. J'aurais été plus réservée, il faut que je l'avoue, si tu n'avais pas surpris, à mon insu, l'aveu passionné de mon amour: pardonne-moi donc et n'impute pas à une légèreté d'amour cette faiblesse que la nuit noire t'a permis de découvrir. Roméo: Madame, je le jure par cette lune sacrée qui argente toutes ces cimes chargées de fruits!... Juliette: Oh! ne jure pas par la lune, l'inconstante lune dont le disque change chaque mois, de peur que ton amour ne devienne aussi varaible! Roméo: Par quoi dois-je jurer? Juliette: Ne jure pas du tout; ou, si tu le veux, jure par ton gracieux être, qui est le dieu de mon idolâtrie, et je te croirai. Roméo: Si l'amour profond de mon coeur... Juliette: Ah! ne jure pas! Quoique tu fasses ma joie, je ne puis goûter cette nuit toutes les joies de notre rapprochement; il est trop brusque, trop imprévu, trop subit, trop semblable à l'éclair qui a cessé d'être avant qu'on ait pu dire: il brille!... Doux ami, bonne nuit! Ce bouton d'amour, mûri par l'haleine de l'été, pourra devenir une belle fleur, à notre prochaine entrevue... Bonne nuit, bonne nuit! Puisse le repos, puisse le calme délicieux qui est dans mon sein, arriver à ton coeur! Roméo: Oh! vas-tu donc me laisser si peu satisfait? Juliette: Quelle satisfaction peux-tu obtenir cette nuit? Roméo: Le solennel échange de ton amour contre le mien. Juliette: Mon amour! je te l'ai donné avant que tu l'aies demandé. Et pourtant je voudrais qu'il fût encore à donner. Roméo: Voudrais-tu me le retirer? Et pour quelle raison, mon amour? Juliette: Rien que pour être généreuse et te le donner encore. Mais je désire un bonheur que j'ai déjà: ma libéralité est aussi illimitée que la mer, et mon amour aussi profond: plus je te donne, plus il me reste, car l'un et l'autre sont infinis. (On entend la voix de la nourrice.) J'entends du bruit dans la maison. Cher amour, adieu! J'y vais, bonne nourrice!... Doux Montague, sois fidèle. Attends un moment, je vais revenir. (Elle se retire de la fenêtre.) Roméo: O céleste, céleste nuit! J'ai peur, comme il fait nuit, que tout ceci ne sois qu'un rêve, trop délicieusement flatteur pour être réel
Dina membre distingué
Nombre de messages : 691 Localisation : Maroc Emploi : fonctionnaire Loisirs : lecture, musique, voyages... Date d'inscription : 17/04/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:17
J’aimerai partager avec vous le récit d’un des plus beaux romans d’Honoré de Blazac, un grand écrivain qui a imprégné en moi l’amour du livre et de la lecture.
« Illusions Perdues »
L'histoire est découpée en trois parties.
Les deux poètes L'action se déroule à Angoulême, sous la Restauration. David Séchard, fils d'un imprimeur, est lié d'une amitié profonde avec Lucien Chardon, jeune homme très beau, et lettré. Le père de David (type de l'avare rejetant profondément le passage de génération) revend à son fils son imprimerie à des conditions inacceptables, et David est presque acculé à la ruine. Il parvient cependant à tenir grâce au dévouement et à l'amour de sa femme, qui est la sœur de Lucien, Ève. Il recherche en secret un procédé permettant de produire du papier à faible coût et de meilleure qualité. Lucien, lui, se noue avec une femme de la noblesse, Mme de Bargeton, qui voit en lui un grand talent de poète : il voit en elle sa Laure et, à l'imitation de Pétrarque, lui a voué un recueil de sonnets. Elle l'introduit dans sa société, et s'éprend de lui. Cet amour non consommé entre un radieux jeune-homme et une femme mariée amplement plus âgée, répond parfaitement au schéma médiéval de l'amour courtois, sur lequel le héros s'illusionne plus ou moins consciemment. Lucien s'enfuit finalement avec sa protectrice à Paris, pour y faire carrière.
Un grand homme de province à Paris Lucien est vite abandonné par Mme de Bargeton ; il découvre rapidement qu'il est bien misérable à côté de tous les parisiens bien vêtus… Il tente de faire éditer ses romans, mais n'y parviendra pas: le monde de l'édition est très difficilement pénétrable. Il rencontre d'Arthez, philosophe libéral, qui l'introduit dans son cercle d'amis penseurs, le « Cénacle ». Ce dernier est un groupe de jeunes gens de toutes tendances, monarchistes, républicains, de toutes formations, avec, entre autres, un peintre, un médecin, un philosophe, un poète. Lucien fréquentera le Cénacle pendant un temps, puis s'en lassera, avide de reconnaissance et de réussite matérielle. Il est finalement introduit dans le milieu du journalisme par l'intermédiaire d'Etienne Lousteau; il y trouve le succès qu'il attendait. Lucien signe alors ses articles "Lucien de Rubempré" (du nom de jeune fille de sa mère), il s'éprend d'une jeune actrice, Coralie, et mène une vie de luxe. Son ambition le pousse ensuite à s'intéresser à la politique, et d'un journal libéral, il passe à un journal royaliste. Cela est très mal perçu dans le milieu journalistique: ses anciens amis l'attaquent violemment, ses nouveaux collègues ne le soutiennent pas. Il est vite ruiné; à cela s'ajoute la mort de Coralie. Lucien se résoutfinalement à retourner à Angoulême pour solliciter l'aide de David (à qui il avait déjà auparavant demandé plusieurs aides financières, qui lui avaient été à chaque fois versées).
Les souffrances de l'inventeur David, au bout de nombreuses expériences, est enfin parvenu à trouver le procédé qu'il recherchait depuis longtemps; mais les frères Cointet, concurrents de David, ont entre temps réussi à ruiner celui-ci, notamment en reprenant certaines idées de David (avec la complicité d'un espion, employé chez l'imprimeur). David est ruiné, et mis en prison; Lucien est en partie responsable de cette ruine; apprenant cette nouvelle catastrophe, ce dernier décide de se suicider. Mais alors qu'il allait se noyer, un abbé espagnol, Carlos Herrera, apparaît, et l'en empêche. Il lui offre de l'argent et la réussite, à condition qu'il lui obéisse aveuglément. Lucien accepte ce pacte. Il envoie alors à David la somme nécessaire pour qu'il puisse sortir de prison, et part pour Paris avec ce prêtre étrange. David parvient alors à un accord avec les Cointet, qui exploitent son invention. David et Ève vivront alors dans une certaine aisance.
Illusions perdues -Intellego.fr
Driss Boudhan Admin
Nombre de messages : 13504 Localisation : Nador Emploi : Professeur Loisirs : Musique,lecture,poésie,photo.... Date d'inscription : 02/02/2008
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:18
Merci à vous deux Nacer et Dina!
lilou poétesse
Nombre de messages : 1573 Localisation : TOULOUSE Emploi : sans Date d'inscription : 10/01/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:30
Cyrano de Bergerac.. une pièce célèbre d'E. Rostand. Il s'est inspiré d'un personnage réel qui n'est autre que Savnien Cyrano de Bergerac. Une pièce écrite pratiquement en alexandrins.
Cyrano de Bergerac se passe en 1640, une époque où la France était engagée dans une de ses innombrables guerres contre l’Espagne. Cyrano est un soldat, pauvre en argent mais riche en esprit, qui sert dans une unité de Gascons, réputés pour leur agressivité et leur arrogance. La compagnie est commandée par le capitaine des cadets, Carbon Castel-Jaloux, mais de fait le leader charismatique en est Cyrano. Cyrano est malheureusement pourvu d’un grand nez disgracieux, ce qui ne l’empêche pas d’être profondément amoureux de sa jolie et intelligente cousine, Roxanne. Mais il découvre rapidement, que cette dernière est amoureuse de Christian, un jeune cadet. L’histoire est celle de Cyrano et de Christian, associés pour créer un parfait héros romantique. Cyrano va fournir sa poésie et son esprit tandis que Christian va apporter au tandem sa belle figure. La pièce s’achève sur une évidence en forme d’espérance : sous les traits de Christian, ce n’était pas moins que l’âme de Cyrano qu’aimait Roxane(vialupo.com) ici la célèbre tirade du nez :
Cyrano Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme... En variant le ton, —par exemple, tenez : Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez, Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! » Amical : « mais il doit tremper dans votre tasse : Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! » Descriptif : « c'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! » Curieux : « de quoi sert cette oblongue capsule ? D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? » Gracieux : « aimez-vous à ce point les oiseaux Que paternellement vous vous préoccupâtes De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? » Truculent : « ça, monsieur, lorsque vous pétunez, La vapeur du tabac vous sort-elle du nez Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ? » Prévenant : « gardez-vous, votre tête entraînée Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! » Tendre : « faites-lui faire un petit parasol De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! » Pédant : « l'animal seul, monsieur, qu'Aristophane Appelle hippocampelephantocamélos Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os ! » Cavalier : « quoi, l'ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau c'est vraiment très commode ! » Emphatique : « aucun vent ne peut, nez magistral, T'enrhumer tout entier, excepté le mistral ! » Dramatique : « c'est la Mer Rouge quand il saigne ! » Admiratif : « pour un parfumeur, quelle enseigne ! » Lyrique : « est-ce une conque, êtes-vous un triton ? » Naïf : « ce monument, quand le visite-t-on ? » Respectueux : « souffrez, monsieur, qu'on vous salue, C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue ! » Campagnard : « hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain ! C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain ! » Militaire : « pointez contre cavalerie ! » Pratique : « voulez-vous le mettre en loterie ? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! » Enfin parodiant Pyrame en un sanglot : « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! » —Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit : Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres, Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot ! Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries, Me servir toutes ces folles plaisanteries, Que vous n'en eussiez pas articulé le quart De la moitié du commencement d'une, car Je me les sers moi-même, avec assez de verve, Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 16:36
J'ai lu Cyrano de bregerac comme tous ceux qui sont de ma génération d'abord en Arabe avec la traduction du défunt Almanfalouti...nous avons tous aimé ce travail magnifique .. plein d'amour et surtout de poésie ..
Merci Michelle de nous avoir rappelé cette oeuvre eternelle
hanane9 membre distingué
Nombre de messages : 2133 Localisation : Maroc Emploi : dans le privé Loisirs : Lecture ,Musique et sport. Date d'inscription : 12/05/2009
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 18:08
Je partagerai un extrait de l'avare ou l'école du mensonge de Molière.
c'est une comédie comique mais sombre au fond...
L'avare De Molière
«Acte premier» Scène première (début)
VALERE Hé quoi ? charmante Elise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi ? Je vous vois soupirer, hélas ! au milieu de ma joie. Est-ce du regret, dites-moi, de m'avoir fait heureux, et vous repentez-vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre ? ELISE Non, Valère, je ne puis pas me repentir de tout ce que je fais pour vous. Je m'y sens entraîner par une trop douce puissance, et je n'ai pas même la force de souhaiter que les choses ne fussent pas. Mais, a vous dire vrai, le succès me donne de l'inquiétude, et je crains fort de vous aimer un peu plus que je ne devrais. VALERE Hé ! que pouvez-vous craindre, Elise, dans les bontés que vous avez pour moi? ELISE Hélas! cent choses à la fois : l'emportement d'un père, les reproches d'une famille, les censures du monde ; mais plus que tout, Valère, le changement de votre coeur, et cette froideur criminelle dont ceux de votre sexe payent le plus souvent les témoignages trop ardents d'une innocente amour. VALERE Ah! ne me faites pas ce tort de juger de moi par les autres. Soupçonnez-moi de tout, Elise, plutôt que de manquer à ce que je vous dois. Je vous aime trop pour cela, et mon amour pour vous durera autant que ma vie. ELISE Ah ! Valère, chacun tient les mêmes discours. Tous les hommes sont semblables par les paroles, et ce n'est que les actions qui les découvrent différents. VALERE Puisque les seules actions font connaître ce que nous sommes, attendez donc au moins à juger de mon coeur par elles, et ne me cherchez point des crimes dans les injustes craintes d'une fâcheuse prévoyance. Ne m'assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d'un soupçon outrageux, et donnez-moi le temps de vous convaincre, par mille et mille preuves, de l'honnêteté de mes feux. ELISE Hélas ! qu'avec facilité on se laisse persuader par les personnes que l'on aime ! Oui, Valère, je tiens votre coeur incapable de m'abuser. Je crois que vous m'aimez d'un véritable amour, et que vous me serez fidèle ; je n'en veux point du tout douter, et je retranche mon chagrin aux appréhensions du blâme qu'on pourra me donner. VALERE Mais pourquoi cette inquiétude ? ELISE Je n'aurais rien à craindre si tout le monde vous voyait des yeux dont je vous vois, et je trouve en votre personne de quoi avoir raison aux choses que je fais pour vous. Mon coeur, pour sa défense, a tout votre mérite, appuyé du secours d'une reconnaissance où le ciel m'engage envers vous. Je me représente à toute heure ce péril étonnant qui commença de nous offrir aux regards l'un de l'autre, cette générosité surprenante qui vous fit risquer votre vie pour dérober la mienne à la fureur des ondes, ces soins pleins de tendresse que vous me fîtes éclater après m'avoir tirée de l'eau et les hommages assidus de cet ardent amour que ni le temps ni les difficultés n'ont rebuté, et qui, vous faisant négliger et parents et patrie, arrête vos pas en ces lieux, y tient en ma faveur votre fortune déguisée, et vous a réduit, pour me voir, à vous revêtir de l'emploi de domestique de mon père. Tout cela fait chez moi sans doute un merveilleux effet, et c'en est assez, à mes yeux, pour me justifier l'engagement où j'ai pu consentir; mais ce n'est pas assez peut-être pour le justifier aux autres, et je ne suis pas sûre qu'on entre dans mes sentiments. VALERE De tout ce que vous avez dit, ce n'est que par mon seul amour que je prétends auprès de vous mériter quelque chose ; et, quant aux scrupules que vous avez, votre père lui-même ne prend que trop de soin de vous justifier à tout le monde, et l'excès de son avarice et la manière austère dont il vit avec ses enfants pourraient autoriser des choses plus étranges. Pardonnez-moi, charmante Elise, si j'en parle ainsi devant vous : vous savez que sur ce chapitre on n'en peut pas dire de bien. Mais enfin, si je puis, comme je l'espère, retrouver mes parents, nous n'aurons pas beaucoup de peine à nous les rendre favorables. J'en attends des nouvelles avec impatience, et j'en irai chercher moi-même si elles tardent à venir. ELISE Ah! Valère, ne bougez d'ici, je vous prie, et songez seulement à vous bien mettre dans l'esprit de mon père.
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mar 25 Mai - 18:16
cela me fait rire..même si je l'ai lu à maintes reprises ...Molière était fait pour devenir comédien pas poète surtout ...en général l'avarice c'est à la française en littérature pas aux autres ..je le lis toujours ce Molière en aimant ..j'aime beaucoup sa pièce intitulée les femmes savantes ...
lilou poétesse
Nombre de messages : 1573 Localisation : TOULOUSE Emploi : sans Date d'inscription : 10/01/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 14:40
LE DÎNER DE CONS
Une pièce de théâtre écrite par Francis Veber en 1993 Adapté au cinéma en 1998 sous le même titre. ¨Piece comique!!! ****
Chaque mercredi, Pierre Brochant éditeur parisien de renom et ses amis, organisent un dîner où chacun doit inviter un con, dans le but de se moquer de ceux-ci, à leur insu. Celui qui a trouvé le con le plus savoureux est déclaré vainqueur. Brochant devrait exulter, car il est certain d'avoir trouvé la perle rare en la personne de François Pignon, comptable au ministère des Finances et passionné de modèles réduits en allumettes, le con de classe internationale. Hélas son plaisir va être grandement terni, car il s'est fait un tour de rein en prenant sa douche le soir même, et sa femme l'informe aussi qu'elle le quitte. Ce qu'il ignore, c'est que Pignon passé maître dans l'art d'accumuler bourdes et bévues, plus désopilantes les unes que les autres, va se révéler d'une sensibilité émouvante. Brochant serait-il l'arroseur arrosé? Quel est le plus con des deux? La fin reste un grand moment de théâtre à déguster avec saveur.
Driss Boudhan Admin
Nombre de messages : 13504 Localisation : Nador Emploi : Professeur Loisirs : Musique,lecture,poésie,photo.... Date d'inscription : 02/02/2008
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:14
La Nausée, extrait
La chose, qui attendait, s'est alertée, elle a fondu sur moi, elle se coule en moi, j'en suis plein. - Ce n'est rien: la Chose, c'est moi. L'existence, libérée, dégagée, reflue sur moi. J'existe. J'existe. C'est doux, si doux, si lent. Et léger: on dirait que ça tient en l'air tout seul. Ça remue. Ce sont des effleurements partout qui fondent et s'évanouissent. Tout doux, tout doux. Il y a de l'eau mousseuse dans ma bouche. Je l'avale, elle glisse dans ma gorge, elle me caresse - et la voila qui renaît dans ma bouche, j'ai dans la bouche à perpétuité une petite mare d'eau blanchâtre - discrète - qui frôle ma langue. Et cette mare, c'est encore moi. Et la langue. Et la gorge, c'est moi. Je vois ma main, qui s'épanouit sur la table. Elle vit - c'est moi. Elle s'ouvre, les doigts se déploient et pointent. Elle est sur le dos. Elle me montre son ventre gras. Elle a l'air d'une bête à la renverse. Les doigts, ce sont les pattes. Je m'amuse à les faire remuer, très vite, comme les pattes d'un crabe qui est tombé sur le dos. Le crabe est mort: les pattes se recroquevillent, se ramènent sur le ventre de ma main. Je vois les ongles - la seule chose de moi qui ne vit pas. Et encore. Ma main se retourne, s'étale à plat ventre, elle m'offre à présent son dos. Un dos argenté, un peu brillant - on dirait un poisson, s'il n'y avait pas les poils roux à la naissance des phalanges. Je sens ma main. C'est moi, ces deux bêtes qui s'agitent au bout de mes bras. Ma main gratte une de ses pattes, avec l'ongle d'une autre patte; je sens son poids sur la table qui n'est pas moi. C'est long, long, cette impression de poids, ça ne passe pas. Il n'y a pas de raison pour que ça passe. A la longue, c'est intolérable... Je retire ma main, je la mets dans ma poche. Mais je sens tout de suite, à travers l'étoffe, la chaleur de ma cuisse. Aussitôt, je fais sauter ma main de ma poche; je la laisse pendre contre le dossier de la chaise. Maintenant, je sens son poids au bout de mon bras. Elle tire un peu, à peine, mollement, moelleusement, elle existe. Je n'insiste pas: ou que je la mette, elle continuera d'exister et je continuerai de sentir qu'elle existe; je ne peux pas la supprimer, ni supprimer le reste de mon corps, la chaleur humide qui salit ma chemise, ni toute cette graisse chaude qui tourne paresseusement comme si on la remuait à la cuiller, ni toutes les sensations qui se promènent là-dedans, qui vont et viennent, remontent de mon flanc à mon aisselle ou bien qui végètent doucement, du matin jusqu'au soir, dans leur coin habituel. Je me lève en sursaut: si seulement je pouvais m'arrêter de penser, ça irait déjà mieux. Les pensées, c'est ce qu'il y a de plus fade. Plus fade encore que de la chair. Ça s'étire à n'en plus finir et ça laisse un drôle de goût. Et puis il y a les mots, au-dedans des pensées, les mots inachevés, les ébauches de phrases qui reviennent tout le temps: "Il faut que je fini... J'ex... Mort... M. de Roll est mort... Je ne suis pas... J'ex..." Ça va, ça va... et ça ne finit jamais. C'est pis que le reste parce que je me sens responsable et complice. Par exemple, cette espèce de rumination douloureuse: j'existe, c'est moi qui l'entretiens. Moi. Le corps, ça vit tout seul, une fois que ça a commencé. Mais la pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh! le long serpentin, ce sentiment d'exister - et je le déroule, tout doucement... Si je pouvais m'empêcher de penser! J'essaie, je réussis : il me semble que ma tête s'emplit de fumée... et voila que ça recommence: "Fumée... ne pas penser... Je ne veux pas penser... Je pense que je ne veux pas penser. Il ne faut pas que je pense que je ne veux pas penser. Parce que c'est encore une pensée." On n'en finira donc jamais? Ma pensée, c'est moi: voilà pourquoi je ne peux pas m'arrêter. J'existe par ce que je pense... et je ne peux pas m'empêcher de penser. En ce moment même - c'est affreux - si j'existe, c'est parce que j'ai horreur d'exister. C'est moi, c'est moi qui me tire du néant auquel j'aspire: la haine, le dégoût d'exister, ce sont autant de manières de me faire exister, de m'enfoncer dans l'existence. Les pensées naissent par derrière moi comme un vertige, je les sens naître derrière ma tête... si je cède, elles vont venir la devant, entre mes yeux - et je cède toujours, la pensée grossit, grossit, et la voilà, l'immense, qui me remplit tout entier et renouvelle mon existence. (...) Je suis, j'existe, je pense donc je suis; je suis parce que je pense, pourquoi est-ce que je pense? je ne veux plus penser, je suis parce que je pense que je ne veux pas être, je pense que je... parce que... pouah!
Il est en bras de chemise, avec des bretelles mauves;il a roulé les manches de sa chemise jusqu'au-dessus du coude. Les bretelles se voient à peine sur la chemise bleue, elles sont tout effacées, enfouies dans le bleu, mais c'est de la fausse humilité: en fait, elles ne se laissent pas oublier, elles m'agacent par leur entêtement de moutons, comme si, parties pour devenir violettes, elles s'étaient arrêtées en route sans abandonner leurs prétentions. On a envie de leur dire: "Allez-y, devenez violettes et qu'on n'en parle plus." Mais non, elles restent en suspens, butées dans leur effort inachevé. Parfois le bleu qui les entoure glisse sur elles et les recouvre tout a fait: je reste un instant sans les voir. Mais ce n'est qu'une vague, bientôt le bleu pâlit par places et je vois réapparaître des îlots d'un mauve hésitant, qui s'élargissent, se rejoignent et reconstituent les bretelles. (...)
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:26
exstrait de l'écume des jours de Boris Vian
Colin se présente pour un emploi *** - Alors?... dit le directeur. - Eh bien, voilà!... dit Colin. - Que savez-vous faire? demanda le directeur. - J'ai appris des rudiments..., dit Colin. - Je veux dire, dit le directeur, à quoi passez-vous votre temps? - Le plus clair de mon temps, dit Colin, je le passe à l'obscurcir. - Pourquoi? demanda plus bas le directeur. - Parce que la lumière me gène, dit Colin. - Ah!... Hum!... marmonna le directeur. Vous savez pour quel emploi on demande quelqu'un, ici? - Non, dit Colin. - Moi non plus..., dit le directeur. Il faut que je demande à mon sous-directeur. Mais vous ne paraissez pas pouvoir remplir l'emploi... - Pourquoi? demanda Colin à son tour. - Je ne sais pas..., dit le directeur. Il avait l'air inquiet et recula un peu son fauteuil. - N'approchez pas!... dit-il rapidement. - Mais... je n'ai pas bougé..., dit Colin. - Oui..., oui..., marmonna le directeur. On dit ça... Et puis... (...) *** Entre le sous-directeur portant un dossier sous le bras *** - Vous avez cassé une chaise, dit le directeur. - Oui, dit le sous-directeur. Il posa le dossier sur la table. - On peut la réparer, vous voyez... Il se tourna vers Colin. - Vous savez réparer les chaises? - Je pense..., dit Colin désorienté. Est-ce très difficile? - J'ai usé, assura le sous-directeur, jusqu'à trois pots de colle de bureau sans y parvenir. - Vous les paierez! dit le directeur. Je les retiendrai sur vos appointements... - Je les ai fait retenir sur ceux de ma secrétaire, dit le sous-directeur. Ne vous inquiétez pas, patron. - Est-ce, demanda timidement Colin, pour réparer les chaises que vous demandiez quelqu'un? - Sûrement! dit le directeur. - Je ne me rappelle plus bien, dit le sous-directeur. Mais vous ne pouvez pas réparer une chaise... - Pourquoi? dit Colin - Simplement parce que vous ne pouvez pas, dit le sous-directeur. - Je me demande à quoi vous l'avez vu? dit le directeur. - En particulier, dit le sous-directeur, parce que ces chaises sont irréparables, et, en général, parce qu'il ne me donne pas l'impression de pouvoir réparer une chaise. - Mais, qu'est-ce qu'une chaise a à faire avec un emploi de bureau? dit Colin. - Vous vous asseyez par terre, peut-être, pour travailler? ricana le directeur. - Mais vous ne devez pas travailler souvent, alors renchérit le sous-directeur. - Je vais vous dire, dit le directeur, vous êtes un fainéant!... - Voilà..., un fainéant... approuva le sous-directeur. - Nous, conclut le directeur, ne pouvons, en aucun cas, engager un fainéant!... - Surtout quand nous n'avons pas de travail à lui donner..., dit le sous-directeur. - C'est absolument illogique, dit Colin abasourdi par leurs voix de bureau. - Pourquoi illogique, hein? demanda le directeur. - Parce que, dit Colin, ce qu'il faut donner à un fainéant, c'est justement pas de travail. - C'est ça, dit le sous-directeur, alors, vous voulez remplacer le directeur? Ce dernier éclata de rire à cette idée. - Il est extraordinaire!... dit-il. (...)
Le vent se frayait un chemin parmi les feuilles et ressortait des arbres tout chargé d'odeurs de bourgeons et de fleurs. (...) Le soleil dépliait lentement ses rayons et les hasardait, avec précaution, dans des endroits qu'il ne pouvait atteindre directement, les recourbant à angles arrondis et onctueux, mais se heurtait à des choses très noires et les retirait très vite, d'un mouvement nerveux et précis de poulpe doré. Son immense carcasse brûlante se rapprocha peu à peu, puis se mit, immobile, à vaporiser les eaux continentales et les horloges sonnèrent trois coups.
Boris Vian
Driss Boudhan Admin
Nombre de messages : 13504 Localisation : Nador Emploi : Professeur Loisirs : Musique,lecture,poésie,photo.... Date d'inscription : 02/02/2008
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:31
Un roman-poème où la langue remplit d'autres fonctions que celles qu'on lui connaît. Un roman qu'on ne cessera jamais de lire et relire. Meci pour le choix amigo!
abdennacer loukah Admin
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Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:34
oui certainement ..pour moi c'est un romancier très fort..je ne lui oublierais jamais j'irai cracher sur vos tombes et l'herbe rouge ..c'est aussi un poète et musicien etc
Dina membre distingué
Nombre de messages : 691 Localisation : Maroc Emploi : fonctionnaire Loisirs : lecture, musique, voyages... Date d'inscription : 17/04/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:50
Un bon choix, merci Si Nacer !
Driss Boudhan Admin
Nombre de messages : 13504 Localisation : Nador Emploi : Professeur Loisirs : Musique,lecture,poésie,photo.... Date d'inscription : 02/02/2008
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 15:54
Oui,un assez bon musicien de Jazz! Je cherche à relire les deux derniers titres que tu as cités...surtout"J'irai cracher sur vos tombes"
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 16:05
Merci Dina et Driss ..
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 16:22
J'ai adoré 'J'irai cracher sur vos tombes '
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 16:24
Demain je posterai des extraits ...J'ai déjà quelques idées..
ami chama Admin
Nombre de messages : 1088 Localisation : Meknès/ MAROC Emploi : professeur universitaire Loisirs : lecture,cinéma,peinture,collage,décoration, Date d'inscription : 17/06/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Mer 26 Mai - 17:19
Je trouve l'idée très intéressante. J'ai cpdt une petite remarque: avec 8 ou 7 passages aussi longs par jour,va-t-on pouvoir en profiter? surtout que l'objectif est bien cela. très bonne nuit tout le monde.
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 2:44
si Chama on peut en profiter bien ..parce qu'on est pas obligé de lire tout en même temps ...
lilou poétesse
Nombre de messages : 1573 Localisation : TOULOUSE Emploi : sans Date d'inscription : 10/01/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 2:56
Préambule…
Garcin, journaliste, Inès, femme aux vertus douteuse et Estelle supposée jeune mariée innocente, sont inconnus et sont tous trois morts. Du moins, c’est ce qu’ils supposent. Ils se retrouvent dans un salon style second empire, croyant qu’il s’agit du purgatoire ou de quelque chose du genre. Ils se questionnent : « Pourquoi suis-je ici? Ai-je des choses à me reprocher? Ah! Sûrement pas! Je ne vois pas pourquoi je ne suis toujours pas au ciel!» Tout au long de la pièce on apprend au travers des dialogues, sur leur vie et leur mort. La tension monte entre les trois individus. Seule Inès, semble comprendre et désire tirer les deux autres de leurs illusions. De par ses questions elle semble beaucoup troubler les deux autres…
******
Début de l’extrait…
GARCIN
Écoute, chacun à son but, n’est-ce pas? Moi, je me foutais de l’argent, de l’amour. Je voulais être un homme. Un dur. J’ai tout misé sur le même cheval. Est-ce que c’est possible qu’on soit un lâche quand on a choisi les chemins les plus dangereux? Peut-on juger une vie sur un seul acte?
INÈS
Pourquoi pas? Tu as rêvé trente ans que tu avais du cœur : et tu te passais mille petites faiblesses parce que tout est permis aux héros. Comme c’était commode! Et puis, à l’heure du danger, on t’a mis au pied du mur et… tu as pris le train pour Mexico.
GARCIN
Je n’ai pas rêvé cet héroïsme. Je l’ai choisi. On est ce qu’on veut.
INÈS[
Prouve-le. Prouve que ce n’était pas un rêve. Seuls les actes décident de ce qu’on a voulu.
GARCIN
Je suis mort trop tôt. On ne m’a pas laissé le temps de faire mes actes.
INÈS
On meut toujours trop tôt – ou trop tard. Et cependant la vie est là terminée; le trait est tiré, il faut faire la somme. Tu n’es rien d’autre que ta vie.
GARCIN
Vipère! Tu as réponses à tout!
INÈS
Allons! Allons! Ne perd pas courage. Il doit t’être facile de me persuader. Cherche des arguments, fais un effort! Eh bien. Eh bien? Je t’avais dit que tu étais vulnérable! Ah! Comme tu vas payer à présent. Tu es lâche, Garcin un lâche parce que je le veux. Je le veux, tu entends je le veux! Et pourtant, vois comme je suis faible, un souffle. Je ne suis rien que le regard qui te voit, que cette pensée incolore qui te pense. (Il marche vers elle, les mains ouvertes) Ha! Elles s’ouvrent ces grosses mains d’homme. Mais qu’espères-tu? On attrape pas les pensées avec les mains. Allons! tu n’as pas le choix : il faut me convaincre. Je te tiens.
ESTELLE
Garcin!
GARCIN
Quoi?
ESTELLE
Venge-toi!
GARCIN
Comment?
ESTELLE
Embrasse-moi, tu l’entendras chanter.
GARCIN
C’est pourtant vrai, Inès. Tu me tiens, mais je te tiens aussi.
(Il se penche sur Estelle, Inès pousse un cri)
INÈS
Lâche! Lâche! Va, va! Va te faire consoler par les femmes.
ESTELLE
Chante Inès. Chante!
INÈS
Le beau couple! Si tu voyais sa grosse patte posée à plat sur ton dos, froissant la chair et l’étoffe. Il a les mains moites; il transpire. Il laissera une marque bleu sur ta robe.
ESTELLE
Chante! Chante! Serre-moi plus fort contre toi, Garcin; elle en crèvera.
(…)
GARCIN
Il ne fera donc jamais nuit ?
INÈS
Jamais.
GARCIN
Tu me verras toujours?
INÈS
Toujours.
(Garcin abandonne Estelle et fait quelques pas dans la pièce. Il s’approche du bronze.)
GARCIN
Le bronze… eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je le comprends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant me main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent… Ha! Vous n’êtes que deux? Je vous croyais plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurais jamais cru…Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril …Ah! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l’enfer, c’est les Autres.
abdennacer loukah Admin
Nombre de messages : 10309 Localisation : Meknès Emploi : prof Loisirs : lecture..musique ..voyage Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 3:16
C'est la pièce de Sartre la plus violente au niveau de la reflexion...l'autre c'est l'enfer..l'autre nous dérange ..nous guette ..l'autre est un poids qui nous accble sans pour s'en débarasser ...telles sont les idées sur lesquelles repose cette pièce en un seul acte..une pièce qui fait peur de par ses doutes et la valeur qu'elle accorde à l'être humain ...sorte d'existencialisme excessif et dangereux même ... une pièce sûrement bien écrite mais qui soulève des problèmes sans les résoudre et qui met en question toutes les belles relations humaines ...
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 3:37
Une pièce que j'ai étudiée il y a bien longtemps et qui , malheureusement parfois, me semble d'actualité...
Knock ou le Triomphe de la médecine libre.
Knock ou le Triomphe de la médecine est une pièce de théâtre de Jules Romains, représentée pour la première fois à Paris, à la Comédie des Champs-Élysées,le 15 décembre 1923, sous la direction de Jacques Hébertot, avec la mise en scène et les décors de Louis Jouvet qui interprétait également le rôle principal. Ayant choisi de quitter Saint-Maurice pour s’installer dans une plus grande ville (Lyon en l’occurrence) avec sa femme, le docteur Parpalaid décide de laisser sa place à Knock, jeune médecin de quarante ans. Durant le trajet vers Saint-Maurice, Knock interroge Parpalaid au sujet de la ville, demandant tour à tour si le village contient des sectes, des drogués, des maris trompés ou bien quelques épidémies çà et là. On apprend aussi que Knock doit de l’argent à Parpalaid (que les habitants du village appellent plaisamment Ravachol) que ce dernier lui a prêté pour s’installer. Le résultat de la conversation ne plaît guère à Knock, pour qui la clientèle dont il hérite lui semble être trop bien portante. Dès son arrivée au village, Knock appelle le tambour du village pour faire annoncer son arrivée et l'instauration de consultations gratuites le lundi. Parallèlement, il demande à l’instituteur, Bernard, de bien informer les gens sur ce que sont les microbes, germes et virus, et s'entretient avec le pharmacien Mousquet, qui confirme que Parpalaid lui envoyait bien peu de clients. Le succès des consultations gratuites est phénoménal et Knock est rapidement débordé. Il instaure les premiers traitements de longue durée tout en menant des investigations sur ses clients afin de prescrire des traitements coûteux à ses patients fortunés. L’hôtel du village devient une véritable clinique où les malades venus des quatre coins du canton viennent suivre les traitements de longue durée que Knock prescrit. Trois mois après son arrivée, Knock reçoit la visite de Parpalaid venu prendre des nouvelles. Ce dernier est abasourdi par les chiffres impressionnants présentés par Knock, et la pièce se termine sur une discussion entre Parpalaid et Knock, où l'on voit Parpalaid regretter son ancien poste, et où Knock finit par mettre son collègue au lit sous prétexte qu'il le trouve bien mal-en-point. Citations
« Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. »
« Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ? »
« et la bonne elle enfiles des perles! »
Contexte
Cette pièce est une comédie écrite en 1923, à une époque où l'emprise de la publicité intensive sur le modèle d'outre-Atlantique commence à gagner l'Europe. L'idée de l'appliquer au domaine de la médecine relevait, alors, de l'effet comique.
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 3:39
ce lien n'est pas parti avec le reste ....bizarre, bizarre comme dirait Jouvet...
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Pages et Passages! Jeu 27 Mai - 3:41
Bon ça ne marche pas!!!! Je vais tenter d'y remédier....