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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mar 21 Sep - 18:05
Une chanrteuse pour laquelle je faisais à pied 14 km quand j'avais 14 /15 ans rien que pour assister à un mariage dont elle est la chanteuse
chennOufmed Admin
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mar 21 Sep - 18:33
c'est une belle petite histoire que nous avions au manuel francais au primaire et que tout le monde aimait enormément a notre epoque
Auteur : Alphonse Daudet
- retour -
M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, parait-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté. Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Il disait : - C'est fini ; les chèvres s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas une. Cependant, il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il en acheta une septième ; seulement, cette fois, il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu'elle s'habituât à demeurer chez lui. Ah ! Gringoire, qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! C'était presque aussi charmant que le cabri d'Esméralda, tu te rappelles, Gringoire ? - et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre... M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d'aubépines. C'est là qu'il mit la nouvelle pensionnaire. Il l'attacha à un pieu, au plus bel endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvait très heureuse et broutait l'herbe de si bon coeur que M. Seguin était ravi. - Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s'ennuiera pas chez moi !
M. Seguin se trompait, sa chèvre s'ennuya. Un jour, elle se dit en regardant la montagne : - Comme on doit être bien là-haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère, sans cette maudite longe qui vous écorche le cou !... C'est bon pour l'âne ou pour le boeuf de brouter dans un clos !... Les chèvres, il leur faut du large. A partir de ce moment, l'herbe du clos lui parut fade. L'ennui lui vint. Elle maigrit, son lait se fit rare. C'était pitié de la voir tirer tout le jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narine ouverte, en faisant Mê!.. tristement. M. Seguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne savait pas ce que c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la chèvre se retourna et lui dit dans son patois : - Écoutez, monsieur Seguin, je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne. - Ah ! mon Dieu !... Elle aussi ! cria M. Seguin stupéfait, et du coup il laissa tomber son écuelle ; puis, s'asseyant dans l'herbe à côté de sa chèvre : - Comment, Blanquette, tu veux me quitter ! Et Blanquette répondit : - Oui, monsieur Seguin. - Est-ce que l'herbe te manque ici ? - Oh! non ! monsieur Seguin. - Tu es peut-être attachée de trop court, veux-tu que j'allonge la corde ? - Ce n'est pas la peine, monsieur Seguin. - Alors, qu'est-ce qu'il te faut ? qu'est-ce que tu veux ? - Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin. - Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne... Que feras-tu quand il viendra ?... - Je lui donnerai des coups de cornes, monsieur Seguin. - Le loup se moque bien de tes cornes. Il m'a mangé des biques autrement encornées que toi... Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici l'an dernier ? une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle s'est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l'a mangée. - Pécaïre ! Pauvre Renaude !... Ça ne fait rien, monsieur Seguin, laissez-moi aller dans la montagne. - Bonté divine !... dit M. Seguin ; mais qu'est-ce qu'on leur fait donc à mes chèvres ? Encore une que le loup va me manger... Eh bien, non... je te sauverai malgré toi, coquine ! et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais t'enfermer dans l'étable et tu y resteras toujours.
Là-dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre et à peine eut-il tourné, que la petite s'en alla... Tu ris, Gringoire ? Parbleu ! je crois bien ; tu es du parti des chèvres, toi, contre ce bon M. Seguin... Nous allons voir si tu riras tout à l'heure. Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement général. Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la montagne lui fit fête. Tu penses, Gringoire, si notre chèvre était heureuse ! Plus de corde, plus de pieu... rien qui l'empêchât de gambader, de brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! jusque par-dessus les cornes, mon cher !... Et quelle herbe ! Savoureuse, fine, dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose que le gazon du clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de sucs capiteux !... La chèvre blanche, à moitié saoule, se vautrait là-dedans les jambes en l'air et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les châtaignes... Puis, tout à coup elle se redressait d'un bond sur ses pattes. Hop ! la voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d'un ravin, là-haut, en bas, partout... On aurait dit qu'il y avait dix chèvres de M. Seguin dans la montagne. C'est qu'elle n'avait peur de rien la Blanquette. Elle franchissait d'un saut de grands torrents qui l'éclaboussaient au passage de poussière humide et d'écume. Alors, toute ruisselante, elle allait s'étendre sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil... Une fois, s'avançant au bord d'un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos derrière. Cela la fit rire aux larmes. - Que c'est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là-dedans ? Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde... En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une troupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants... Il parent même, - ceci doit rester entre nous, Gringoire, - qu'un jeune chamois à pelage noir, eut la bonne fortune de plaire à Blanquette. Les deux amoureux s'égarèrent parmi le bois une heure ou deux, et si tu veux savoir ce qu'ils se dirent, va le demander aux sources bavardes qui courent invisibles dans la mousse. Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c'était le soir. - Déjà ! dit la petite chèvre ; et elle s'arrêta fort étonnée. En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Seguin disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que le toit avec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d'un troupeau qu'on ramenait, et se sentit l'âme toute triste... Un gerfaut, qui rentrait, la frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit... puis ce fut un hurlement dans la montagne : - Hou ! hou ! Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé... Au même moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C'était ce bon M. Seguin qui tentait un dernier effort. - Hou ! hou !... faisait le loup. - Reviens ! reviens !... criait la trompe. Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire à cette vie, et qu'il valait mieux rester. La trompe ne sonnait plus...
La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et vit dans l'ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui reluisaient... C'était le loup. Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la petite chèvre blanche et la dégustant par avance. Comme il savait bien qu'il la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se retourna, il se mit à rire méchamment. - Ah ! ha ! la petite chèvre de M. Seguin ! et il passa sa grosse langue rouge sur ses babines d'amadou. Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la vieille Renaude, qui s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin, elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite ; puis, s'étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en avant, comme une brave chèvre de M. Seguin qu'elle était... Non pas qu'elle eût l'espoir de tuer le loup, - les chèvres ne tuent pas le loup, - mais seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude... Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse. Ah ! la brave chevrette, comme elle y allait de bon coeur ! Plus de dix fois, je ne mens pas, Gringoire, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine. Pendant ces trêves d'une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine... Cela dura toute la nuit. De temps en temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait : - Oh ! pourvu que je tienne jusqu'à l'aube... L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent. Blanquette redoubla de coups de cornes, le loup de coups de dents... Une lueur pâle parut dans l'horizon... Le chant du coq enroué monta d'une métairie. - Enfin ! dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ; et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de sang... Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. Adieu, Gringoire !
chennOufmed Admin
Nombre de messages : 6208 Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mar 21 Sep - 18:38
Anne a écrit:
Chacun de nous se rappelle un livre, une chanson, un spectacle... J'aimerais donc que cette rubrique serve à nous les rappeler. Comme nous sommes de pays différents celà peut être ,à mon avis intéressant.
Je commence par cette chanson enfantine ....
merciiiiiiiiiiiiiiii chere amie Anne pour idée.belle et geniale
abdennacer loukah Admin
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mar 21 Sep - 20:30
j'étais aussi dans les rêves d'Arroyo et dans le temps il n'y avait que shami kapoor et asha parekh
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 6:13
Merci cher ami Mohammed.....Tu sais je pensais envoyer cette histoire car j'ai également appris "La chèvre de M.Seguin" en primaire et elle m'avait marquée... J'envoie donc une autre histoire D'Alphone Daudet que j'aime et que j'ai découvert aussi en primaire
Le secret de Maître Cornille
Francet Mamaï, un vieux joueur de fifre, qui vient de temps en temps faire laveillée chez moi, en buvant du vin cuit, m'a raconté l'autre soir un petit drame de village dont mon moulin a été témoin il y a quelque vingt ans. Le récit dubonhomme m'a touché, et je vais essayer de vous le redire tel que je l'aientendu. Imaginez-vous pour un moment, chers lecteurs, que vous êtes assis devant unpot de vin tout parfumé, et que c'est un vieux joueur de fifre qui vous parle.
Notre pays, mon bon monsieur n'a pas toujours été un endroit mort et sansrenom, comme il est aujourd'hui. Autre temps, il s'y faisait un grand commerce de meunerie, et, dix lieues à laronde, les gens des mas nous apportaient leur blé à moudre... Tout autour du village, les collines étaient couvertes de moulins à vent. De droite et de gauche,on ne voyait que des ailes qui viraient au mistral par-dessus les pins, des ribambelles de petits ânes chargés de sacs, montant et dévalant le long deschemins ; et toute la semaine c'était plaisir d'entendre sur la hauteur le bruit des fouets, le craquement de la toile et le Dia hue! des aides-meuniers... Ledimanche nous allions aux moulins, par bandes. Là-haut, les meuniers payaient le muscat. Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus dedentelles et leurs croix d'or. Moi, j'apportais mon fifre, et jusqu'à la noire nuit on dansait des farandoles. Ces moulins-là, voyez-vous, faisaient la joie et larichesse de notre pays.
Malheureusement, des Français de Paris eurent l'idée d'établir une minoterie àvapeur, sur la route de Tarascon.Tout beau, tout nouveau! Les gens prirent l'habitude d'envoyer leurs blés auxminotiers, et les pauvres moulins à vent restèrent sans ouvrage. Pendantquelque temps ils essayèrent de lutter, mais la vapeur fut la plus forte, et l'unaprès l'autre, pécaïre! ils furent tous obligés de fermer.. On ne vit plus venir lespetits ânes... Les belles meunières vendirent leurs croix d'or... Plus de muscat! Plus de farandole!... Le mistral avait beau souffler, les ailes restaientimmobiles... Puis, un beau jour la commune fit jeter toutes ces masures à bas,et l'on sema à leur place de la vigne et des oliviers. Pourtant, au milieu de la débâcle, un moulin avait tenu bon et continuait de virercourageusement sur sa butte, à la barbe des minotiers. C'était le moulin de maître Cornille, celui-là même où nous sommes en train de faire la veillée en cemoment. Maître Cornille était un vieux meunier vivant depuis soixante ans dans la farine et enragé pour son état. L'installation des minoteries l'avait rendu comme fou.Pendant huit jours, on le vit courir par le village, ameutant tout le monde autourde lui et criant de toutes ses forces qu'on voulait empoisonner la Provence avecla farine des minotiers. « N'allez pas là-bas, disait-il ; ces brigands-là, pour faire le pain, se servent de la vapeur qui est une invention du diable, tandis que moi,jetravaille avec le mistral et la tramontane, qui sont la respiration du bon Dieu... » Et il trouvait comme cela une foule de belles paroles à la louange des moulins àvent, mais personne ne les écoutait.Alors, de male rage, le vieux s'enferma dans son moulin et vécut tout seulcomme une bête farouche. Il ne voulut pas même garder près de lui sa petitefilleVivette, une enfant de quinze ans, qui, depuis la mort de ses parents, n'avait plus que son grand au monde. La pauvre petite fut obligée de gagner savie et de se louer un peu partout dans les mas, pour la moisson, les magnans ou les olivades. Et pourtant son grand-père avait l'air de bien l'aimer, cette enfantlà.Il lui arrivait souvent de faire ses quatre lieues à pied par le grand soleil pour aller la voir au mas où elle travaillait, et quand il était près d'elle, il passait desheures entières à la regarder en pleurant... Dans le pays on pensait que le vieux meunier, en renvoyant Vivette, avait agi par avarice ; et cela ne lui faisait pas honneur de laisser sa petite-fille ainsitraîner d'une ferme à l'autre, exposée aux brutalités des baïles, et à toutes les misères des jeunesses en condition. On trouvait très mal aussi qu'un homme du renom de maître Cornille, et qui, jusque-là, s'était respecté, s'en allât maintenant par les rues comme un vrai bohémien, pieds nus, le bonnet troué, lataillole en lambeaux... Le fait est que le dimanche, lorsque nous le voyions entrer à la messe, nous avions honte pour lui, nous autres les vieux ; et Cornillele sentait si bien qu'il n'osait plus venir s'asseoir sur le banc d'oeuvre.Toujours il restait au fond de l'église, près du bénitier, avec les pauvres. Dans la vie de maître Cornille il y avait quelque chose qui n'était pas clair. Depuis longtemps personne, au village, ne lui portait plus de blé, et pourtant les ailes de son moulin allaient toujours leur train comme devant... Le soir, on rencontrait par les chemins le vieux meunier poussant devant lui son âne chargé de gros sacs de farine. - Bonnes vêpres, maître Cornille! lui criaient les paysans ; ça va donc toujours, la meunerie ? -Toujours, mes enfants, répondait le vieux d'un air gaillard. Dieu merci, ce n'est pas l'ouvrage qui nous manque. Alors, si on lui demandait d'où diable pouvait venir tant d'ouvrage, il se mettaitun doigt sur les lèvres et répondait gravemement: « Motus! je travaille pour l'exportation... » Jamais on n'en put tirer davantage.Quant à mettre le nez dans son moulin, il n'y fallait pas songer. La petiteVivette elle-même n'y entrait pas... Lorsqu'on passait devant, on voyait la porte toujours fermée, les grosses ailes toujours en mouvement, le vieil âne broutant le gazon de la plate-forme, et un grand chat maigre qui prenait le soleil sur le rebord de la fenêtre et vous regardait d'un air méchant. Tout cela sentait le mystère et faisait beaucoup jaser le monde. Chacun expliquait à sa façon le secret de maître Cornille, mais le bruit général était qu'il y avait dans ce moulin-là encore plus de sacs d'écus que de sacs de farine. À la longue pourtant tout se découvrit ; voici comment: En faisant danser la jeunesse avec mon fifre, je m'aperçus un beau jour que l'aîné de mes garçons et la petite Vivette s'étaient rendus amoureux l'un de l'autre. Au fond je n'en lus pas lâché, parce qu'après tout le nom de Cornille était en honneur chez nous, et puis ce joli petit passereau de Vivette m'aurait fait plaisir à voir trotter dans ma maison. Seulement, comme nos amoureux avaient souvent occasion d'être ensemble, je voulus, de peur d'accidents, réglerl'affaire tout de suite, et je montai jusqu'au moulin pour en toucher deux mots au grand-père... Ah! le vieux sorcier! il faut voir de quelle manière il me reçut!Impossible de lui faire ouvrir sa porte. Je lui expliquai mes raisons tant bien quemal, à travers le trou de la serrure ; et tout le temps que je parlais, il y avait ce coquin de chat maigre qui soufflait comme un diable au-dessus de ma tête. Le vieux ne me donna pas le temps de finir, et me cria fort malhonnêtement de retourner à ma flûte; que, si j'étais pressé de marier mon garçon, je pouvais bien aller chercher des filles à la minoterie... Pensez que le sang me montait d'entendre ces mauvaises paroles ; mais j'eus tout de même assez de sagesse pour me contenir et, laissant ce vieux fou à sa meule, je revins annoncer aux enfants ma déconvenue... Ces pauvres agneaux ne pouvaient pas y croire ; ils me demandèrent comme une grâce de monter tous deux ensemble au moulin, pour parler au grand père... Je n'eus pas le courage de refuser, et pfft! voilà mes amoureux partis. Tout juste comme ils arrivaient là-haut, maître Cornille venait de sortir. La porte était fermée à double tour ; mais le vieux bonhomme, en partant, avaitlaissé son échelle dehors, et tout de suite l'idée vint aux enfants d'entrer par la fenêtre, voir un peu ce qu'il y avait dans ce fameux moulin... Chose singulière! la chambre de la meule était vide...Pas un sac, pas un grain de blé ; pas la moindre farine aux murs ni sur les toiles d'araignée... On ne sentait pas même cette bonne odeur chaude de froment écrasé qui embaume dans les moulins... l'arbre de couche était couvert de poussière, et le grand chat maigre dormait dessus. La pièce du bas avait le même air de misère et d'abandon: un mauvais lit, quelques guenilles, un morceau de pain sur une marche d'escalier, et puis dans un coin trois ou quatre sacs crevés d'où coulaient des gravats et de la terreblanche. C'était là le secret de maître Cornille! C'était ce plâtras qu'il promenait le soir par les routes, pour sauver l'honneur du moulin et faire croire qu'on y faisait de la farine... Pauvre moulin! Pauvre Cornille! Depuis longtemps les minotiers leur avaient enlevé leur dernière pratique. Les ailes viraient toujours, mais la meule tournait à vide. Les enfants revinrent tout en larmes, me conter ce qu'ils avaient vu. J'eus lecoeur crevé de les entendre... Sans perdre une minute, je courus chez les voisins,,je leur dis la chose en deux mots, et nous convînmes qu'il fallait, sur l'heure, porter au moulin de Cornille tout ce qu'il y avait de froment dans les maisons... Sitôt dit, sitôt fait. Tout le village se met en route, et nous arrivons là-haut avec une procession d'ânes chargés de blé -, du vrai blé, celui-là! Le moulin était grand ouvert... Devant la porte, maître Cornille, assis sur un sac de plâtre, pleurait, la tête dans ses mains. il venait de s'apercevoir, en rentrant, que pendant son absence on avait pénétré chez lui et surpris son triste secret. - Pauvre de moi! disait-il. Maintenant, je n'ai plus qu'à mourir... Le moulin est déshonoré. Et il sanglotait à fendre l'âme, appelant son moulin par toutes sortes de noms, lui parlant comme à une personne véritable. À ce moment les ânes arrivent sur la plate-forme, et nous nous mettons tous à crier bien fort comme au beau temps des meuniers: - Ohé! du moulin!... Ohé! maître Cornille! Et voilà les sacs qui s'entassent devant la porte et le beau grain roux qui se répand par terre, de tous côtés... Maître Cornille ouvrait de grands yeux. Il avait pris du blé dans le creux de sa vieille main et il disait, riant et pleurant à la fois: - C'est du blé!... Seigneur Dieu!... Du bon blé! Laissez-moi que je le regarde. Puis se tournant vers nous: - Ah! je savais bien que vous me reviendriez... Tous ces minotiers sont des voleurs. nous voulions l'emporter en triomphe au village: - Non, non, mes enfants; il faut avant tout que j'aille donner à manger à mon moulin... Pensez donc! il y a si longtemps qu'il ne s'est rien mis sous la dent! Et nous avions tous des larmes dans les yeux de voir le pauvre vieux se démener de droite et de gauche, éventrant les sacs, surveillant la meule, tandisque le grain s'écrasait et que la fine poussière de froment s'envolait au plafond. C'est une justice à nous rendre: à partir de ce jour-là, jamais nous ne laissâmes le vieux meunier manquer d'ouvrage. Puis, un matin, maître Cornille mourut, et les ailes de notre dernier moulin cessèrent de virer, pour toujours cette fois... Cornille mort, personne ne prit sa suite. Que voulez-vous, monsieur!... tout a une fin en ce monde, et il faut croire que le temps des moulins à vent était passé comme celui des cloches sur le Rhône, des parlements et des jaquettes à grandes fleurs.
Anne poétesse
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 6:25
Ah ces colonies de vacances, loin des parents ...
Cet alphabet qu'on chantait chaque jour .....Après ça , ceux qui ne le connaissaient en arrivant au centre l'ont su sur le bout des doigts !!!
1. Un jour la troup’ campa, AAA La pluie s’mit à tomber, BBB L’orage a tout cassé, CCC Failli nous inonder, ABCD.
2. Le chef s’mit à crier, ÉÉÉ À son adjoint Joseph, FFF Fais-nous vite à manger, GGG Les scouts sont sous la bâche, EFGH.
3. Les pinsons dans leur nid, III Les « Loups » dans leurs logis, JJJ Chantèrent… quel fracas ! KKK Avec les « Hirondelles », IJKL.
4. Joseph fit de la crème, MMM Et du lapin d’garenne, NNN Et même du cacao, OOO Mes amis quel souper, MNOP.
5. Soyez bien convaincus, QQQ Que la vie au grand air, RRR Fortifie la jeunesse, SSS Renforce la santé, QRST.
6. Maintenant qu’il ne pleut plus, UUU Les scouts vont se sauver, VVV Le temps est au beau fixe, XXX Plus besoin qu’on les aide, UVXZ
Anne poétesse
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 6:33
Hugues Auffray est un chanteur connu de tous les enfants, ados qui ont fréquenté les centres de vacances , les colonies .....Je me rappelle ....
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 12:41
Une des premières poésies que j'ai apprise.....
Le Cancre
Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le coeur il dit oui à ce qu'il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur
Jacques PRÉVERT (1945)
abdennacer loukah Admin
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 14:10
moi c'est ce poème que j'apprends toujours depuis mon enfance Un deux trois scions du bois quatre cinq six que l'on batisse sept huit neuf un toit tout neuf le monuisier prends ton rabot fais voles de blancs coupeaux
Anne poétesse
Nombre de messages : 1664 Localisation : France Emploi : aide médico-psychologique Date d'inscription : 21/02/2010
Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 15:12
une variante française Abdennacer
Un deux trois Nous irons au bois au bois Quatre cinq six Cueillir des cerises Sept huit neuf Dans mon panier neuf Dix onze douze Elles seront toutes rouges
est-ce la même mélodie?
abdennacer loukah Admin
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 15:16
elles se ressmblent beaucoup mais celle que j'ai dans la tête est celle que j'ai mise ..mais je ne suis sûr de rien Anne puisque ça fait très longtemps ..en tout cas moi je la chante comme je l'ai dans la tête mais le rythme est le même.Ce sont les français qui nous apprenaient ces récitations ..la belle époque
Anne poétesse
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 15:27
Merci Abdennacer... J'aimais aussi ces moments réservés aux récitations ...bien plus que la conjugaison (surtout subjonctif ahahahh)
chennOufmed Admin
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Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 17:52
l'instituteur nous faisait chanter cette belle chanson...
chennOufmed Admin
Nombre de messages : 6208 Localisation : Meknes/MOrOccO Emploi : PrOf Loisirs : reading... Date d'inscription : 08/01/2007
Sujet: Re: Souvenirs d'enfance..... Mer 22 Sep - 18:05
خلال الأنشطة المدرسية في الصف الرابع كنا دائما نردد هذه الأغنية مع مدرس العربية