LA PUISSANCE DES MOTS...
... Je change souvent de montures
Celles de mes verres de lunettes
Et l'autre : la plus fertile
Ma plume, ma compagne des jours... !
Je purifie de nouveau les yeux
Enlève l'opacité de la cataracte
Pour permettre à ma floue vision
Un autre espace ouvert
Et un horizon à l'état virginal
Dans le lac de la vie
Soumis à tous les changements
A tous les décors mouvants
A toutes les peintures des saisons
Le lac sublime des évasions
Me donne la possibilité de l'errance...
Comme ces plantes aux profondes racines
Qui s'en vont chercher de nouvelles sèves
Dans le coeur de la terre ancestrale...
J'ai vécu dans toutes les hibernations
Mes pensées vivaient dans le silence
Et je les laissais dans les silos de l'enfance
Ou ce sont-elles qui me délassaient
Je ne sais plus... !
Pour moi chaque jour est un voyage
Chaque instant une gestation
Que j'essaie d'enfanter loin des regards
Je refuse le baptême des monuments
L'inauguration des sites oubliés
Et je reste en équilibriste
Entre le délire du passé
Et ce présent, Ô combien aléatoire... !
Mes amis il est difficile de lire
D'intercepter les trames des messages
De changer les modules de la musique
Et la fréquence des battements de l'âme
Je suis qui ?
Et puis je ne sais plus... !
Une simple étoile filante
Echappée du règne du firmament
Qui passe au dessus des têtes
Une boule de feu qui dévale l'espace
Sous le regard apeuré des autres étoiles
Et qui finit par s'éteindre
Dans les bras de l'éternité... !
Amis des autres rives inexplorables
Je change souvent de position
Je change parfois de cap
Je suis un apatride de l'écriture
Qui vit dans différentes dimensions
Je vis de plus en plus de l'inassouvissement
Pour accéder à l'inachèvement des toiles
Quoique mes sombres pensées
Surgissent du tunnel de la mémoire
Donnent un terne éclat au feu de l'âtre
Pour finir dans la froide nuit des cendres
Grisâtre, noirceur des teintes déteintes
Des notes griffonnées d'un laps séjour
Sur cette espèce de galère : ma vie... !
Chacun de vous exprime ses voyages
Dénoue les lacets de ses mots
Pour laisser d'autres empreintes
En peignant l'axe du temps de ses visions
Je subis l'avalanche des souvenirs
Glane les uns après les semences
Les autres à la saison des récoltes
Et dans un coin reculé de mon monde
J'essaie de remettre les pieds sur terre
Et à la lueur d'un papillon de nuit
Je laisse à l'encre fluide de mes pensées
La force de voler au temps le temps
Et sur la page volante de l'espace
Captée lors de son détachement de l'arbre
Comme elle me ressemble dans sa descente
Nous scellons dans l'intimité notre rencontre
Elle comme substrat d'une toile de fond
Et moi comme un simple... voyageur de passage
© Kacem loubay
Samedi 20 Mars 2004
Khénifra - Maroc
Loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l'autre rive